ICQ, la dégringolade

 

J'utilise ICQ comme client de messagerie instantanée depuis 1999. Et ce en dépit de la progressive et, semble-t-il, irrémédiable dégradation de la qualité de ses services. Quand je dis à mes collègues que je suis encore sous ICQ, les plus jeunes me regardent, interloqués (ICquoi ?). Quant à ceux qui ont eu la chance de connaître l'internet au XXe siècle, ils éclatent de rire (« Ça existe encore, ça ? »). ICQ aurait déjà perdu 89 millions d'utilisateurs. D'ailleurs, déjà en 2012, le Gorafi ironisait sur le sort du dernier utilisateur d'ICQ

Déjà mis à mal par la popularité massive de MSN et par certains choix stratégiques douteux (notamment la toolbar ICQ qui s'installait automatiquement, ou la fin de la fonctionnalité bien utile de transferts de fichiers), successivement racheté par AOL (en 1998) puis par les Russes de Digital Sky Technologies (en 2010), ICQ survit plus qu'il ne vit. L'avantage, c'est qu'on est sûr de ne pas trop être emmerdé par des demandes de contact. L'inconvénient, c'est que l'on appréhende chaque mise à jour.

Il y a environ un an, une mise à jour obligatoire nous imposait une nouvelle interface, certes très sexy, mais terriblement encombrante. Et surtout, elle nous faisait renoncer à une fonctionnalité très utile, le clignotement dans la barre des tâches (indispensable pour savoir qu'on reçoit un nouveau message dès lors qu'on coupe le son). Après avoir testé et rejeté quelques solutions alternatives libres plus spartiates les unes que les autres, j'avais finalement trouvé la parade : installer la version 7.7 récupérée sur Oldversion. Elle était suffisamment récente pour pouvoir encore se connecter au réseau, mais pas trop afin de ne pas être harcelée par la fenêtre contraignant à la mise à jour vers la toute dernière version.

Fenêtre de chat ICQ

Inconvénient : les correspondants ayant accepté de migrer sous la nouvelle versions apparaissent toujours en ligne, même quand ils ne le sont pas. Et même, au début, les horaires de distribution des messages étaient en avance de plusieurs mois ! Et parfois, mes correspondants reçoivent des messages en Chinois venant de moi…

Leur dernière trouvaille pour  dégoûter définitivement les quelques utilisateurs encore fidèles ? Obliger l'utilisateur voulant changer son mot de passe à saisir un numéro de téléphone mobile. Et ce, même s'il n'utilise pas l'application mobile. Sauf que moi, je ne donne pas mon numéro de mobile. A personne.

Alors d'accord, ils ne sont pas les seuls à imposer cela : Twitter, Mailgun, Digitick entre autres le font aussi. Mais quand on contacte leur service technique, ils fournissent toujours une solution alternative.

Le service technique d'ICQ, non. J'ai eu beau insister, tempêter, pointer du doigt l'inanité totale de leur système. Pas moyen d'obtenir un moyen alternatif.

Officiellement, ICQ cherche à changer son image et à s'attaquer au marché des applications de chat. Quitte à pousser dehors leurs derniers utilisateurs historiques ?

 

Karine SANCHE

Partager cet article